Rêve et réalité
Oliver Sacks

Selon Rodolfo Llinás et ses collègues de l’université de New York, les propriétés électro-physiologiques du cerveau à l’état vigile et durant les phases de rêve dépendraient d’un seul et unique mécanisme fondamental : d’après ces chercheurs, notre cortex et notre thalamus entretiendraient une sorte de conversation intérieure incessante sous l’effet de laquelle des images et des sentiments interagiraient en permanence, indépendamment des apports sensoriels existants. Quand notre cerveau serait stimulé par des sensations, cette interaction intégrerait ces stimulations pour produire la forme de conscience qui caractérise l’état de veille, tandis qu’elle continuerait à générer en leur absence ces états cérébraux que nous qualifions de « fantasmes », d’ « hallucinations » ou de « rêves »
de sorte que l’état de veille ne serait qu’un rêve contraint par la réalité extérieure.

Un anthropologue sur mars, note de bas de page, Oliver Sacks, traduction de l’anglais Christian Cler, Seuil, Paris 1996